Dans la série de portraits, voici Mon collègue.
Mon collègue ! Nous sommes côte à côte, au conseil municipal.
Dès les premières séances. C’est en raison de l’âge… je suis juste un petit peu plus vieille que lui. Ça me fait drôle, de l’écrire. Lui qui me semble plus sage !
Nous nous sommes connus lors de la campagne municipale. Personne discrète qui observait ? Personne posée avec laquelle j’étais allée en binôme faire du porte à porte dans un quartier ; personne qui en voulait sans pour autant crier à hue et à dia.
Mon collègue, j’ai toujours l’impression qu’il sait où il va. Doucement mais sûrement.
Mon collègue, il arrive au conseil municipal en costume, rarement cravate… et son casque. Il se déplace en super scooter. Ses dossiers sont toujours ordonnés, rangés… même si parfois, il me le dit :
- je n’ai pas l’intention d’intervenir !
Mon collègue ne parle pas pour ne rien dire.
Sa voix porte. Il sait sourire et froncer les sourcils en même temps.
Ses premières prises de parole furent difficiles. Emotion ? Stress ? Là, je le dis grâce au recul. Sur le coup, j’étais béate d’admiration. Il avait répondu du tac au tac à #MVQC.
Début de mandat - Mon collègue intervient ; #MVQC prend un ton condescendant et répète à l’envi : - Monsieur [mon collègue], vous êtes nouveau…
Répéter qu’il est « nouveau dans ce conseil » signifie « vous ne pouvez pas comprendre, taisez-vous ». Mon collègue avait répondu « On va finir par le savoir que je suis nouveau »…
Lui retourner, effet boomerang, son argument ! C’est anodin, mais moi je m’en souviens… Même pas besoin de retrouver le compte rendu intégral. #MVQC n’a plus jamais joué sur ça… Et dire que moi, pendant longtemps, je suis restée dans la culpabilité du « je ne suis pas sérieuse » ; et implicitement je suis rentrée dans cette case (cage) que #MVQC m’avait dessinée.
Mon collègue a beaucoup travaillé sur le PLU, l’aménagement de la ville.
Il a sacrément défendu les habitants ; une très belle prestation, un soir d’hiver, en conseil… Des arguments posés. Des arguments sensés… Et comme cela ne suffisait pas : l’appel au bon sens des élus. C’était suite à l’enquête publique. L’enquête publique, son implication, une pétition… même que ça lui a valu une convocation au Tribunal. Plainte contre lui ! Pour diffamation ! Ça l’a ennuyé. Ça ne l’a pas empêché de continuer. plus courageux que moi. Et j'ai peur en ce temps-là, je l'ai écrit. Et j'ai peur ! Mon collègue a bien défendu cette cause. Pas sa cause, parce que lui, ensuite, il a démangé, il habite Paris maintenant.
Mon collègue s’est installé sur Paris.
Il m’a prévenu. Il n’a pas démissionné. Même si je l'ai parfois senti fatigué, un peu lassé en ce mandat! Ne pas siéger pour ne pas démissionner - Tant mieux ou tant pis pour moi ? Je ne sais pas.
Je sais juste que j’ai souvent dû jouer à Guignol – lever les deux mains pour cause de procuration. Jouer à Guignol, mon collègue a dû lui aussi le faire, à cause de moi. quand j'en avais marre. C'était en novembre 2011. Le mode d'emploi de la procuration par SMS, ai-je rédigé. Toujours utile.
Je sais juste que je dois écrire la Tribune dans le journal municipal, maintenant, chaque mois. La tribune de notre groupe. La Tribune pour la Pravda municipale.
il n'a pas démissionné Moi non plus. Ce groupe, notre groupe, a sans doute été une façon de tenir, de résister, de s'impliquer.
Notre groupe s’est constitué en mars 2009. Un an après les élections municipales. Nous étions sur la même liste, nous faisions parti du groupe de l’opposition de mon Ex-P. Mon collègue est sorti du groupe, je l’ai suivi. Trois mois plus tard, nous décidions de créer un groupe. Je n’ai pas regretté cette décision. Mon collègue et moi, nous avons posé des bases précises. Non écrites mais claires - Parité et Egalité
- Tribune : une fois lui, une fois moi.
Et dans un premier temps, je lui envoyais mes écrits. Savoir si c’était compréhensible. J’aimais bien ses critiques. Pas de flatteries, pas d’entraves non plus. Ecrire à ma façon, me canaliser pour progresser et non me brider… comme pour mon envie d'un voeu !
- Conseil Vote : on prépare ensemble, ensuite, chacun fait selon ses convictions.
Ce groupe, lui et moi, c'est un contrat sans signature mais respecter. Un contrat et 64 signatures, un soir de conseil !
Mon collègue a respecté ma liberté… ou, plus exactement, il m‘a permis d’évoluer dans ma liberté.
Si, si ! Vas-y ! dis-le…
Je me souviens lui donner à lire mes interventions pour le conseil municipal ; et lui, de me pousser à prendre la parole ! Peu à peu, j'ai appris à oser sans son avis. Grandir.
Mon collègue m’a défendu…
- Tu ne vas pas les laisser dire ça ! Défends-toi !
J’étais tétanisée. Ma délibération sur l’interdiction de tomber pour la neige. Cette délibération qui était une provocation. Provocation et une avalanche, non de pluie, mais de propos acerbes à mon égard de la part des élus municipaux de la Majorité. Propos de venin. Du venin tout particulièrement des femmes ! Ça, je l’ai relu avant de dresser le portrait de mon collègue. J’ai relu le compte-rendu municipal et je redécouvre tapie en moi, toute la violence d’alors. C’était en 2011… Toute la violence des mots à mon égard… Et je pense à l’Elue Photo. Elle a donc connu ça, elle aussi. Elle a connu ça à partir du moment où elle ne s’est plus contentée d’être la marionnette élégante et souriante de #MVQC… Mais revenons à mon collègue.
- Tu ne vas pas les laisser dire ça ! Défends-toi !
Ce soir-là de conseil municipal, mon collègue a pris la parole pour me défendre. C’était le seul.
Et il m’a défendu non par calcul, non par pitié pour moi, non par esprit de groupe… il m’a défendu de telle sorte qu’il m’a fait croire en moi.
#MVQC évoque qu’il est peut-être le co-auteur de mon intervention – intervention expliquant le pourquoi de ma délibération… Mon collègue répond que ce n’est pas le cas – ne pas s’attribuer ce que font les autres ; mais qu’une telle insinuation était flatteuse.
Mon collègue m’a donné raison. A ma façon, je défendais mes idées. Et même si cette façon n’était pas orthodoxe, qu’importe ! J’avais raison.
C’est grâce à ces mots, à mon collègue, que j’ai grandi ! Mon collègue m’a permis d’être moi.
Et le jour où il a été oublié, le jour où mon collègue n’a pas été convoqué au conseil municipal, je crois que j’ai bien défendu sa cause. Je crois que j’ai su défendre sa cause grâce à tout ce qu’il m’a appris. Sur moi ! Sur Oser être moi !
Mon collègue possède la détermination lorsque je suis hésitation. Mon collègue connaît la diplomatie quand je reste un peu tranchante. Mais je progresse… Et j’espère que j’ai pu aussi lui apporter quelque chose.
Mon collègue m’a permis d’être moi ; mon collègue va me permettre de faire des choix.
Il compte vraiment beaucoup pour moi.
Mon collègue, c’est le seul que j’appelle Collègue au conseil municipal de ma ville. Le seul !